10 octobre 2025

Reconnaître les symptômes de l’apnée du sommeil : savoir réagir pour sa santé

Pourquoi l’apnée du sommeil passe-t-elle souvent inaperçue ?

L’apnée obstructive du sommeil se caractérise par des pauses respiratoires répétées, dues à une obstruction partielle ou totale des voies aériennes pendant le sommeil. Selon l’Inserm (2021), moins de 20% des personnes atteintes en France sont diagnostiquées. Cette invisibilité s’explique par plusieurs raisons :

  • Bien souvent, le principal symptôme – la coupure de la respiration – passe inaperçu car il se produit pendant le sommeil profond.
  • Les symptômes diurnes sont banalisés ou attribués au stress, à l’âge ou au rythme de vie.
  • Les proches, et non la personne elle-même, remarquent certains signaux (ronflements, pauses respiratoires...).

Les signes nocturnes de l’apnée du sommeil

La nuit, le corps lutte contre les épisodes répétés de manque d’oxygène. Ces efforts, invisibles, laissent des traces. Voici les principaux signes nocturnes à connaître :

  • Ronflements forts et réguliers : Plus de 80% des personnes souffrant d’apnée du sommeil ronflent, souvent intensément et de manière irrégulière (Source : Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil).
  • Arrêts respiratoires constatés : Ce sont souvent le conjoint ou la famille qui décrivent ces pauses respiratoires, parfois suivies de reprises bruyantes, d’étouffement ou de suffocation.
  • Sueurs nocturnes : De nombreuses personnes se réveillent plusieurs fois la nuit, trempées de sueur, en raison de l’effort fourni pour “relancer” la respiration.
  • Sommeil agité : Mouvements fréquents, éveils nocturnes, difficultés à “trouver sa place” dans le lit.
  • Levers fréquents pour uriner (nycturie) : L’apnée du sommeil multiplie par deux à trois le risque de se lever au moins deux fois par nuit pour aller aux toilettes (Étude Sleep, 2018).
  • Bouche sèche ou maux de gorge au réveil : La respiration par la bouche lors de l’apnée favorise ces sensations désagréables au matin.

Les signes diurnes : comment l’apnée du sommeil se manifeste dans la journée ?

Si le sommeil est fragmenté, le corps n’accède plus à ses bienfaits réparateurs. Le cerveau et les organes ressentent un manque chronique d’oxygène. Cela explique toute une série de symptômes, parfois pris à la légère :

  • Somnolence excessive : L’un des premiers voyants. On constate une tendance à s’endormir en réunion, devant la télévision, pendant la lecture… ou même au volant (principal facteur de risque d’accident mortel selon la Sécurité Routière Française, 2017).
  • Céphalées matinales : Les maux de tête au réveil, présents chez près de 40% des patients, sont dus au déficit d’oxygène nocturne (Journal Sleep Medicine, 2019).
  • Baisse de l’attention et des capacités de concentration : Oublis répétés, difficultés à suivre une conversation, sentiment de confusion matinale.
  • Irritabilité, anxiété, troubles de l’humeur : L’apnée du sommeil double le risque de dépression (Harvard Health Publishing, 2023).
  • Diminution de la libido et troubles de la fonction sexuelle : L’hypoxie chronique affecte l’équilibre hormonal, ce qui se traduit, en particulier chez les hommes, par des troubles de l’érection (Étude European Urology, 2017).
  • Fatigue persistante malgré un temps de sommeil correct : Se sentir “au ralenti” du matin au soir est un signal d’alerte clé.

Des signes qui varient selon l’âge et le sexe

Spécificités chez l’enfant

  • Hyperactivité ou difficultés scolaires : Contrairement à l’adulte, l’enfant apnéique n’est pas forcément “endormi”, mais peut être agité, inattentif ou “turbulent” (source : Haute Autorité de Santé).
  • Croissance ralentie : L’apnée chronique affecte la libération d’hormone de croissance pendant le sommeil.
  • Respiration bruyante, pauses ou sueurs nocturnes : Les signes nocturnes sont très similaires à ceux de l’adulte, mais parfois moins évidents à repérer.

Spécificités chez la femme

  • Symptômes souvent moins “bruyants” : Les ronflements sont moins fréquents et moins forts, ce qui rend le diagnostic plus difficile.
  • Fatigue, troubles anxieux, déprime : Ces manifestations sont parfois confondues avec d’autres causes (ménopause, charge mentale, etc.).

Pourquoi ces signaux ne doivent jamais être négligés

L’apnée du sommeil potentiellement grave : elle multiplie par deux le risque d’accident vasculaire cérébral, par trois celui de crise cardiaque et favorise l’hypertension, le diabète de type 2, l’obésité et même certains troubles cognitifs. L’Institut National du Sommeil et de la Vigilance rappelle que l’apnée du sommeil non traitée diminue l’espérance de vie et a un impact direct sur la qualité du quotidien.

Certains signes doivent conduire à réagir sans attendre :

  • Somnolence au volant ou difficultés majeures d’attention dans la vie quotidienne
  • Antécédents familiaux d’apnée du sommeil ou de mort subite pendant le sommeil
  • Associations avec une maladie cardiaque, un diabète, ou une obésité récente et rapide

Tableau récapitulatif : symptomatologie selon le moment de la journée

Signes nocturnes – pendant le sommeil Signes diurnes – en journée
  • Ronflements forts
  • Arrêts respiratoires observés
  • Réveils avec suffocation
  • Sueurs nocturnes
  • Bouche sèche
  • Levers pour uriner
  • Sommeil agité
  • Fatigue, somnolence
  • Maux de tête matinaux
  • Baisse de mémoire et de concentration
  • Irritabilité, anxiété
  • Diminution de libido
  • Baisse des performances scolaires/au travail

Les signaux moins connus : astuces pour affiner sa vigilance

  • Sensation d’étouffement en s’endormant : Certains patients décrivent un “sursaut” au moment de sombrer dans le sommeil.  Une alarme du cerveau lorsque la respiration s’arrête.
  • Rythme cardiaque irrégulier la nuit : L’apnée favorise les troubles du rythme cardiaque, détectables parfois grâce à certains objets connectés.
  • Hypertension artérielle “rebelle” au traitement : Un tiers des hypertendus persistants non contrôlés seraient porteurs d’une apnée non dépistée (Source : European Heart Journal).

Quand et comment agir ? Conseils pratiques

  • Notez vos symptômes : Un journal du sommeil ou un carnet de suivi permet d’objectiver la fréquence des troubles.
  • Interrogez votre entourage : Surtout pour les arrêts respiratoires et les ronflements.
  • Utilisez les questionnaires validés : Le test d’Epworth ou le score NOSAS offrent une première estimation du risque d’apnée. Plateforme Inserm
  • Consultez, surtout si vous présentez plusieurs signes : Médecin généraliste, pneumologue ou centre du sommeil : ils peuvent réaliser un enregistrement du sommeil (polygraphie ou polysomnographie).
  • Ne cédez pas à l’autocensure : Beaucoup de personnes hésitent à consulter, pensant que « ce n’est rien ». Il n’y a pas de petit souci de sommeil lorsque la santé est en jeu.

Un dépistage précoce, un traitement adapté et des conseils simples d’hygiène de vie (perte de poids en cas de surpoids, arrêt du tabac, réduction de l’alcool le soir, activité physique régulière) permettent dans près d’un cas sur deux de réduire significativement les symptômes (NHS, 2023).

Mieux repérer, c’est mieux prévenir

L’apnée du sommeil n’est pas une fatalité. En apprenant à reconnaître ses manifestations, chacun peut se donner les moyens d’agir tôt et d’éviter ses retentissements à long terme. Sensibiliser autour de soi, oser en parler à son médecin, c’est parfois changer durablement sa qualité de vie. Ne sous-estimez pas vos signaux faibles. Écoutez vos nuits, surveillez vos journées, et osez faire le premier pas.

Pour aller plus loin :

En savoir plus à ce sujet :