4 novembre 2025

Reconnaître l'apnée du sommeil grâce à l’observation de l’entourage : signaux révélateurs

Pourquoi l’entourage joue un rôle clé dans la découverte de l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est un trouble pernicieux, souvent méconnu de la personne qui en souffre. En effet, de nombreux signes se manifestent au cours du sommeil, période durant laquelle l’autoperception est limitée. C’est donc très fréquemment l’entourage – conjoint, enfant, colocataire – qui se rend compte en premier de comportements anormaux. Près de 80 % des sujets apnéiques ne savent pas qu’ils souffrent de ce syndrome ; la vigilance de l’entourage est donc déterminante (Horner RL et al., Sleep Med Rev, 2019).

Les principaux signes d’apnée du sommeil observables de l’extérieur

Plusieurs manifestations typiques peuvent alerter l’entourage. Certaines sont discrètes, d’autres, plus impressionnantes, nécessitent une réaction immédiate. Faisons le point sur ces signaux d’alerte.

1. Le ronflement intense et irrégulier

  • Ronflements forts, bruyants, irréguliers : Plus de 85 % des personnes souffrant d’apnée du sommeil sont signalées comme de “grands ronfleurs” par leur entourage (Source : ANSM, 2022).
  • Arrêts soudains du ronflement suivis de reprises bruyantes : Les pauses qui interrompent le ronflement, puis la reprise “en sursaut”, sont particulièrement évocatrices de la maladie.
  • Variabilité d’intensité : L’intensité des ronflements peut varier au cours de la nuit, corrélée aux cycles respiratoires perturbés.

Le ronflement isolé n’est pas toujours synonyme d’apnée, mais lorsqu’il est associé à d’autres signes ou qu’il gêne le sommeil de l’entourage, il doit être signalé.

2. Les pauses respiratoires nocturnes

  • Arrêts complets de la respiration : Ce sont les pauses (“apnées” ou “hypopnées”) de plus de 10 secondes repérées par l’entourage, parfois décrites comme angoissantes. La fréquence et la durée de ces arrêts sont des marqueurs importants de sévérité (AASM, 2014).
  • Gasp et reprises violentes : Souvent, la personne se réveille brièvement (parfois sans s’en souvenir) avec une inspiration sonore, comme un suffoquement.
  • Moments de silence inquiétant : L’entourage remarque un silence inhabituel, puis un bruit de “dégagement” ou de recherche d’air.

Selon la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil, ces manifestations sont décrites dans plus de 60 % des cas rapportés par les partenaires de chambre.

3. L'agitation nocturne

  • Mouvements brusques ou incessants : Changement fréquent de position, battements de jambes, parfois même gestes amples involontaires sont fréquemment raportés.
  • Transpiration excessive durant la nuit : Certains proches relèvent des draps humides le matin, témoignant du stress induit par la lutte respiratoire nocturne.
  • Paroles, halètements, gémissements : Il n’est pas rare d’observer des sons anormaux ou des bruits aigus lors des pauses respiratoires, surtout chez l’enfant.

Ce tableau d’agitation est particulièrement fréquent chez les enfants apnéiques, parfois confondus avec des troubles du comportement nocturne ou un simple mauvais sommeil (Institut National du Sommeil et de la Vigilance).

4. Le lever non réparateur : indices du matin

  • Sensation de fatigue intense au réveil : Les proches remarquent que la personne se lève “lessivée”, même après une nuit complète.
  • Irritabilité et troubles de concentration : L’entourage perçoit parfois des changements d’humeur ou de vigilance chez la personne au fil du temps.
  • Maux de tête matinaux : Relevés plus de deux fois par semaine chez 30 % des patients apnéiques (Etude HypnoLaus, Lausanne, 2015).

Même si ces signes semblent discrets, la vigilance de l’entourage est essentielle, surtout si ces troubles ne sont pas expliqués par d’autres causes.

Des signes particuliers chez l’enfant et l’adolescent

Contrairement à l'adulte, l’enfant atteint d’apnée du sommeil ne présente pas systématiquement les mêmes symptômes. Voici ce que l’entourage observe :

  • Ronflements persistants, même en dehors d’un rhume ou d’allergies
  • Pauses respiratoires et suffocations, parfois alertant les parents la nuit
  • Agitation extrême nocturne, sommeil haché
  • Problèmes scolaires inattendus (difficulté d’attention, agitation en classe)
  • Mouvement de “rejet de la tête en arrière” pour favoriser le passage de l’air

Selon l’Association Américaine de Pédiatrie, jusqu’à 3 % des enfants présentent un syndrome d’apnées obstructives, souvent méconnu car les signes sont attribués à d’autres origines (ex : trouble du déficit de l’attention, énurésie).

Autres signaux d’alerte souvent rapportés

Outre les grands classiques, l’entourage peut être confronté à des manifestations plus subtiles, mais tout aussi importantes :

  • Somnolence diurne excessive : S’endormir inopinément devant la télévision ou lors de discussions calmes.
  • Irritabilité marquée : Difficultés à supporter des contrariétés, conflits répétés, parfois mal interprétés comme de la dépression ou du stress.
  • Libido en berne : Cette baisse, signalée dans la vie de couple, peut être un témoin insidieux des troubles du sommeil (“Sleep and Sexuality”, J. Sleep Research, 2017).

L’expérience de l’entourage : écouter, observer, soutenir

Se sentir démuni face à ces signes est normal. La gêne, la peur ou même la banalisation de certains symptômes peuvent freiner une prise de conscience. Selon une étude du CHU de Lille (2021), près d’un tiers des couples rapportent des tensions à cause des symptômes nocturnes mais se sentent aussi démunis pour aborder le sujet ou rechercher de l’aide.

  • Inviter au dialogue dans un moment calme, sans jugement : “J’ai remarqué que tu fais parfois des pauses respiratoires la nuit, tu en as conscience ?”
  • Proposer un enregistrement du sommeil (un smartphone suffit), pour objectiver les phénomènes et lever le doute.
  • Suggérer une consultation spécialisée en évoquant la fréquence et la nature des observations.

Il est important de rappeler que l’apnée du sommeil n’est pas liée à un manque de volonté ou à de “mauvaises habitudes”, mais bien à un trouble physiologique qui se traite et s’améliore avec une prise en charge adaptée.

Quand s’alarmer ? Les situations nécessitant une réaction rapide

Certains signes ou circonstances justifient une réactivité particulière :

  • Arrêts respiratoires répétés de plus de 15 secondes, plusieurs fois dans la nuit.
  • Somnolence quotidienne mettant en danger la conduite ou l’activité professionnelle.
  • Changements comportementaux majeurs, dépression pouvant survenir chez des adultes précédemment stables.
  • Chez l’enfant : retard de croissance ou troubles scolaires brutaux.

Face à ces signaux, solliciter un professionnel du sommeil, voire un médecin généraliste, doit s’envisager sans attendre. Les questionnaires de dépistage comme le score NOSAS ou l’évaluation par polysomnographie (examen du sommeil en laboratoire) font partie des démarches recommandées par la Haute Autorité de Santé.

Les bénéfices d’une vigilance partagée

Le dépistage précoce de l’apnée du sommeil transforme littéralement la vie : meilleure énergie, réduction du risque cardiovasculaire, amélioration de la mémoire et de l’humeur. Plusieurs études longitudinales montrent que la qualité de vie des patients traités s’élève de plus de 40 % (JAMA, 2018). L’entourage joue par conséquent un rôle précieux dans l’orientation et le soutien soutiens.

Prévenir, c’est aussi s’informer pour lever les tabous ou les idées reçues. Le simple fait de remarquer et de signaler ces symptômes permet d’accélérer le diagnostic et de limiter les complications.

Se soutenir, s’encourager, aller plus loin

Il n’est jamais facile de s’inquiéter pour l’autre, surtout lorsque les signes sont banalisés ou minimisés. Pourtant, souligner les pauses respiratoires, les ronflements impressionnants ou l’épuisement matinal peut sauver bien des nuits, et surtout prévenir des complications cardiaques, métaboliques ou psychologiques à long terme.

Approfondir le sujet, c’est aussi consulter des ressources fiables : Haute Autorité de Santé, Institut National du Sommeil et de la Vigilance, ou encore demander à un médecin du sommeil.

Agir dès aujourd’hui, c’est choisir un meilleur sommeil, pour soi et ses proches. Observer, dialoguer et orienter fait toute la différence.

Soutenez le sommeil de ceux que vous aimez : votre vigilance, c’est parfois leur meilleure chance.

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