15 octobre 2025

Le lien entre ronflement et apnée du sommeil : comprendre le signal d’alerte

Le ronflement : plus qu’un simple désagrément sonore

Le ronflement fait partie de beaucoup de foyers : près de 45% des adultes ronflent occasionnellement, et environ 25% de façon régulière (Inserm). Si certains dorment très bien malgré les vibrations nocturnes, pour d’autres, c’est le signal d’un problème plus grave, en particulier lorsqu’il s’accompagne d’autres symptômes.

Longtemps considéré comme une simple nuisance, le ronflement a pourtant une importance médicale à ne pas négliger. Il est souvent le premier signe extérieur d’un trouble bien plus fréquent qu’on ne le pense : l’apnée obstructive du sommeil, qui concernerait selon les études plus de 5% de la population adulte en France, mais reste largement sous-diagnostiquée.

Qu’est-ce que le ronflement, au juste ?

Ronfler, c’est produire un bruit respiratoire pendant le sommeil, généralement lors de l’inspiration, parfois à l’expiration. Le son n’est pas produit par les poumons, mais par la vibration des tissus mous situés dans la gorge : voile du palais, luette, langue… Lorsque ces tissus se relâchent, l’air qui passe fait vibrer ces structures, créant le ronflement.

Certaines situations favorisent ce bruit nocturne :

  • Un petit rétrécissement naturel des voies aériennes supérieures 
  • Un relâchement accru des muscles pendant le sommeil profond
  • Surpoids ou obésité (la graisse autour du cou rétrécit les voies aériennes)
  • L’alcool ou certains médicaments sédatifs
  • Dormir sur le dos (la langue tombe vers l’arrière du palais)

Le ronflement : signe d’apnée ou simple bruit ?

Même si ronfler n’est pas systématiquement synonyme d’apnée du sommeil, il existe un lien étroit entre ces deux phénomènes. L’apnée obstructive du sommeil (AOS) est un trouble caractérisé par des arrêts répétés et involontaires de la respiration pendant le sommeil. Avant chaque apnée, il y a souvent un moment de « grand » ronflement.

  • De 70 à 90% des personnes souffrant d’apnée du sommeil ronflent de façon importante (Sleep Foundation).
  • Mais tous les ronfleurs n’ont pas d’apnée : on estime qu’environ 1 ronfleur sur 5 présente un syndrome d’apnée obstructive confirmé.

Ce qui distingue le ronflement « simple » de celui lié à une apnée est la présence d’arrêts respiratoires (souvent perçus comme des pauses, des suffocations, ou des reprises soudaines de souffle), d’un sommeil toujours peu réparateur, et d’une fatigue persistante en journée.

Comment le ronflement alerte sur l’apnée du sommeil

Mais pourquoi le ronflement devient-il alarmant ? Parce qu’il n’est pas que sonore : il traduit une gêne dans la circulation de l’air. Lorsqu’il est fort, irrégulier, parfois entrecoupé de pauses ou de reprises bruyantes, il faut être attentif.

  • Le ronflement précède souvent la fermeture partielle ou complète du passage de l’air, c’est-à-dire une obstruction.
  • Lorsque le flux d’air est temporairement bloqué (apnée), la personne s’arrête de respirer quelques secondes, puis reprend une inspiration bruyante.
  • Ce cycle peut se répéter des dizaines, voire des centaines de fois chaque nuit.

Distinguer un ronflement « d’alerte » n’est pas toujours simple. Mais certains signaux doivent pousser à se poser des questions :

  • Ronflements forts, constants, audibles dans une autre pièce
  • Arrêts du souffle constatés par le conjoint
  • Étouffements ou reprises de souffle pendant le sommeil
  • Somnolence excessive en journée
  • Maux de tête matinaux
  • Irritabilité, difficultés de concentration
N’hésitez pas à évoquer ces signaux avec un professionnel de santé.

L’apnée du sommeil : quels dangers pour la santé ?

L’apnée du sommeil ne se limite pas à troubler les nuits. À moyen et long terme, ce trouble favorise toute une série de complications médicales :

  • Fatigue chronique : en raison des interruptions constantes du sommeil réparateur (sommeil profond), la qualité du sommeil est fortement altérée.
  • Risque cardiovasculaire accru : hypertension artérielle, maladies coronariennes, accident vasculaire cérébral… Une étude française récente rapporte que les personnes souffrant d’apnée du sommeil ont trois fois plus de risque d’hypertension (Sleep Medicine Reviews).
  • Diabète de type 2 : le manque d’oxygène répété nuit au bon fonctionnement du pancréas et à la régulation du sucre dans le sang.
  • Risque d’accidents : La somnolence diurne cause jusqu’à 6 à 7 fois plus de risque d’accidents de la route (Société Française de Pneumologie).

L’apnée du sommeil touche tous les âges, mais le risque augmente après 50 ans et chez les personnes en surpoids. Les hommes sont plus souvent concernés, mais après la ménopause, les risques pour les femmes augmentent aussi.

Pourquoi le ronflement peut-il passer inaperçu ?

Beaucoup de personnes ignorent leur propre ronflement et ne se doutent pas d’une apnée du sommeil. Trois facteurs expliquent ce phénomène :

  • Manque d’observateur : Certaines personnes dorment seules et ne sont jamais alertées sur la qualité de leur respiration.
  • Banalisation : Ronfler est souvent minimisé, perçu comme « normal », surtout avec l’âge ou si d’autres membres de la famille ronflent.
  • Nature intermittente : Le ronflement varie selon la position, la fatigue, l’alcool, etc. On ne l’entend pas toutes les nuits.

Chez les enfants, un ronflement chronique doit aussi alerter, surtout s’il s’accompagne de pauses respiratoires, d’agitation ou de troubles de l’attention en journée.

Comment savoir si mon ronflement est un signal d’alerte ?

Plusieurs outils permettent d’évaluer le risque d’apnée du sommeil lorsque le ronflement est présent :

  • Score NOSAS : une grille d’évaluation simple, basée sur le tour de cou, l’obésité, le sexe, l’âge et la sévérité de la somnolence. Un score élevé doit faire envisager un dépistage.
  • Questionnaires de somnolence : comme l’échelle d’Epworth.
  • Observations nocturnes : demander à un proche d’observer le sommeil ou enregistrer la respiration avec un appareil ou une application mobile (avec précaution, ces outils ne remplacent toutefois pas un diagnostic médical).

Le diagnostic de certitude repose sur une polygraphie respiratoire (examen du sommeil à domicile) ou une polysomnographie (examen plus complet, souvent en centre du sommeil).

Prévenir, diagnostiquer et agir : les gestes à adopter

Face au ronflement, tous les conseils ne se valent pas. Voici quelques bonnes pratiques :

  • Informer son médecin : Mentionnez vos ronflements persistants, surtout si vous présentez d’autres symptômes. N’attendez pas « que ça passe ».
  • Adopter une bonne hygiène de vie : Perdre du poids, limiter l’alcool le soir, éviter les somnifères, favoriser le sommeil sur le côté…
  • Favoriser un sommeil régulier : Respecter des horaires, limiter les lumières le soir, éviter les écrans avant de dormir.

Quand une apnée du sommeil est diagnostiquée, différentes solutions existent :

  • Pression positive continue (PPC) : Le plus efficace pour éviter la fermeture des voies aériennes chez l’adulte.
  • Orthèses d’avancée mandibulaire : Pour certains profils, elles sont efficaces et mieux tolérées.
  • Chirurgie : Réservée à des cas très particuliers.

Ronfler… mais ne pas attendre pour agir

Le ronflement n’est pas qu’une question de bruit : il peut cacher un trouble qui mérite attention. Un grand nombre de personnes dorment mal sans le savoir, et risquent sur le long terme des complications sérieuses. Le ronflement, surtout s’il est fort, associé à des pauses respiratoires ou à une fatigue de jour, doit alerter.

Prendre au sérieux son sommeil, c’est protéger sa santé globale. Repérer et traiter le syndrome d’apnée du sommeil, c’est investir dans une meilleure qualité de vie, chaque jour. N’hésitez pas à consulter en cas de doute : il n’y a pas de « petit » ronflement quand la santé est en jeu.

Le sommeil est précieux. N’attendez pas que le ronflement devienne un signal d’alarme majeur pour agir : la prévention commence dès les premiers signes.

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