5 octobre 2025

Les secrets derrière la détection des troubles respiratoires la nuit

Pourquoi mesurer les événements respiratoires pendant le sommeil ?

Beaucoup de Français souffrent de fatigue persistante sans savoir pourquoi. Derrière ce malaise se cachent parfois des troubles respiratoires du sommeil, en particulier l'apnée du sommeil. Mais comment diagnostique-t-on ces problèmes invisibles, qui surviennent lorsque l’on dort ?

La clé réside dans la capacité à mesurer précisément les interruptions de la respiration. Distinguer ces événements et en comprendre la fréquence est essentiel pour évaluer leur gravité et décider du traitement le mieux adapté. Selon l’INSV, près de 60% des apnées du sommeil ne sont pas diagnostiquées. Comprendre comment on analyse une nuit de sommeil ouvre donc la porte à une meilleure prise en charge de sa santé.

Quels types d’événements respiratoires surveille-t-on ?

On distingue principalement trois types d’événements respiratoires pendant le sommeil :

  • Apnées obstructives : Arrêts complets du flux d'air pendant au moins 10 secondes, dus à un blocage mécanique (relâchement de la gorge).
  • Hypopnées : Diminutions partielles du flux d'air, d'au moins 30%, durant au moins 10 secondes, souvent associées à une baisse de l’oxygène sanguin.
  • Apnées centrales : Arrêts de la respiration dus à une absence temporaire de signal du cerveau vers les muscles respiratoires.

Chacune de ces anomalies peut perturber lourdement la qualité du sommeil et la santé globale. Mais pour pouvoir intervenir, il faut d’abord les repérer et les compter précisément.

La polysomnographie : l’examen de référence pour tout voir

La polysomnographie est l’outil principal de mesure des événements respiratoires durant la nuit. Longtemps réservée aux centres spécialisés, elle s’est démocratisée ces dernières années, mais reste le “gold standard” recommandé par la Haute Autorité de Santé.

En quoi consiste une polysomnographie ?

  • Des capteurs posés sur la tête et le corps : Ils analysent simultanément plusieurs paramètres physiologiques.
  • Enregistrement du sommeil à domicile ou à l’hôpital : Si le test se fait à l’hôpital, un technicien surveille l’intégrité des données et peut intervenir si besoin.

Les principaux éléments mesurés sont :

  • Le flux respiratoire (avec un capteur sous le nez)
  • L’effort thoracique et abdominal (à l’aide de ceintures)
  • La saturation en oxygène (oxymètre au doigt)
  • Le rythme cardiaque
  • L’activité cérébrale (électroencéphalogramme)
  • Le mouvement des jambes

L’ensemble de ces données permet non seulement de compter les apnées et hypopnées, mais aussi de comprendre leur contexte et leur impact sur la nuit de sommeil.

Que mesure-t-on exactement ?

  • L’index d’apnées-hypopnées (IAH) : C’est le nombre total d’arrêts ou de diminutions de la respiration par heure de sommeil (critère crucial pour poser le diagnostic d’apnée du sommeil).
  • Le taux d’oxygène sanguin : On observe les baisses d’oxygène (désaturations), qui témoignent de l’impact des événements sur le corps.
  • Les micro-éveils : Petits réveils inconscients causés par les interruptions respiratoires, qui morcellent le sommeil.

Un IAH supérieur à 5 épisodes par heure évoque un trouble du sommeil, et au-delà de 30 il s’agit d’une forme sévère (HAS).

Polygraphie ventilatoire : une alternative validée

La polygraphie ventilatoire est plus simple et se déroule le plus souvent à domicile. Elle mesure :

  • Le flux nasal par canule
  • Les mouvements respiratoires
  • La saturation en oxygène
  • La position du corps

Cet examen permet un dépistage efficace, bien qu’il ne donne pas accès à la structure précise du sommeil (pas d’EEG). Pratique en première intention, il a prouvé son utilité, notamment pour diagnostiquer l’apnée obstructive du sommeil chez l’adulte présentant des symptômes typiques (Revue Médicale Suisse, 2019).

Comment le médecin interprète-t-il les résultats ?

L’évaluation d’une nuit analysée repose sur plusieurs critères précis :

  1. Durée totale du sommeil : Pour éviter de “surestimer” la gravité si la nuit a été beaucoup plus courte que d’habitude.
  2. Index d’apnées-hypopnées (IAH) : Nombre d’événements par heure de sommeil, qui sert à évaluer la sévérité :
  • Léger : 5 à 15 événements/heure
  • Modéré : 15 à 30 événements/heure
  • Sévère : plus de 30 événements/heure
  • Désaturations en oxygène : Mesure de l'impact des pauses respiratoires sur l'organisme.
  • Association avec les micro-éveils : Un événement respiratoire qui provoque un réveil est plus gênant qu’un événement “silencieux”.
  • Le rôle du médecin est crucial pour interpréter ces résultats à la lumière des symptômes et du vécu de chacun : il faut relier les chiffres à l’histoire du patient.

    L’importance des technologies modernes et de la télémédecine

    Le diagnostic du sommeil a bénéficié d’avancées marquantes ces dernières années :

    • Miniaturisation des capteurs, qui permettent des enregistrements plus confortables chez soi.
    • Transmission sécurisée des données à distance et analyse automatisée pilotée par l’intelligence artificielle (ex. : Philips, Nox Medical).
    • Développement de solutions complémentaires pour mieux détecter l’apnée du sommeil chez les femmes et les personnes âgées, dont les symptômes sont moins classiques (Sleep Foundation).

    Plus de 500 000 diagnostics d’apnée du sommeil sont posés chaque année en France, en très grande partie grâce à ces outils.

    Que faire si l’on suspecte un trouble respiratoire du sommeil ?

    La suspicion doit amener à oser consulter. Voici les signes d’alerte à ne pas négliger :

    • Ronflements forts réguliers, pauses respiratoires observées par un proche
    • Fatigue au réveil malgré une nuit complète
    • Somnolence diurne, troubles de la mémoire ou de l’attention
    • Céphalées matinales, mauvaise humeur, irritabilité

    Un dépistage précoce change la donne : après une prise en charge adaptée, deux personnes sur trois rapportent une amélioration de leur qualité de vie (Source : Fédération Française de Pneumologie).

    En parler à son médecin traitant est la première étape. Parfois, un simple questionnaire orientera vers l’examen le plus adapté : polysomnographie ou polygraphie ventilatoire.

    Un enjeu de santé publique méconnu

    Plusieurs études révèlent qu’environ 20% des adultes seraient porteurs d’un syndrome d’apnées du sommeil, dont seule une minorité bénéficie d’un suivi (Lancet Respir Med, 2019). Le dépistage des troubles respiratoires du sommeil réduit non seulement les accidents de la circulation dus à la somnolence, mais aussi le risque de maladies cardiovasculaires.

    En comprenant mieux comment on mesure les événements respiratoires la nuit, chacun peut devenir acteur de sa santé, encourager ses proches à dépister d’éventuelles anomalies et contribuer à une prévention active.

    Le sommeil est le premier pilier de notre vitalité. Le protéger commence par la connaissance et la mesure précise de ses fragilités. Faire le choix de s’informer, c’est déjà avancer vers des nuits paisibles et réparatrices.

    En savoir plus à ce sujet :