24 septembre 2025

Hypopnée ou apnée du sommeil : comprendre la différence pour mieux protéger sa santé

Comprendre les bases : hypopnée et apnée, deux troubles souvent confondus

L’apnée du sommeil et l’hypopnée sont deux types de troubles respiratoires qui affectent la qualité du sommeil. Ils font partie des troubles du sommeil appelés “syndromes d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil” (SAHOS). S’ils sont souvent évoqués ensemble, ils n’ont pourtant pas tout à fait la même définition, ni les mêmes conséquences immédiates. Pourtant, bien distinguer les deux est déterminant pour la prévention, le diagnostic et le traitement.

Définitions simples mais précises : des arrêts ou des ralentissements ?

  • Apnée du sommeil : Il s’agit d’un arrêt complet du flux d’air au niveau du nez et de la bouche pendant au moins 10 secondes. L’air ne peut plus du tout passer dans les voies respiratoires, car elles sont obstruées ou, plus rarement, parce que le cerveau “oublie” d’ordonner la respiration.
  • Hypopnée : Avec l’hypopnée, il ne s’agit pas d’un arrêt total mais d’une réduction significative du flux d’air (au moins 30%) durant le sommeil, toujours pendant 10 secondes ou plus. Cette diminution doit s’accompagner d’une baisse de l’oxygé­nation du sang ou d’un micro-réveil mesuré lors d’un enregistrement du sommeil (polysomnographie).

L’apnée et l’hypopnée peuvent donc toutes deux provoquer de courts réveils nocturnes et une baisse passagère du taux d’oxygène dans le sang. La gravité dépend du nombre total d’événements par heure et de la profondeur de ces pauses respiratoires.

Les chiffres clés pour mesurer l’impact

Les apnées et les hypopnées sont comptabilisées par un indice appelé Indice d’Apnées-Hypopnées (IAH/AHI : Apnea-Hypopnea Index), qui correspond au nombre total d’événements respiratoires (apnées + hypopnées) par heure de sommeil.

  • Un IAH de 5 à 15 indique une forme légère du trouble.
  • Un IAH de 15 à 30 est considéré modéré.
  • Plus de 30, le trouble est sévère.

Selon l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV), près de 5 à 10% des adultes seraient concernés par le SAHOS modéré à sévère. Toutefois, la majorité des personnes touchées ignorent qu’elles sont concernées, car ces pauses respiratoires se produisent la nuit et sont difficilement perçues.

Comment naissent ces deux troubles ?

L’apnée : une obstruction totale des voies aériennes

Dans la plupart des cas, l’apnée du sommeil est dite “obstructive”. Les muscles de la gorge se relâchent trop, la langue et le voile du palais basculent en arrière, bloquant totalement la circulation de l’air. C’est souvent favorisé par :

  • Le surpoids ou l’obésité (accumulation de graisse autour du cou)
  • Un cou épais ou court
  • Certains modes de vie (alcool, somnifères, tabac)
  • Une prédisposition anatomique (amygdales volumineuses, mâchoire reculée)

De façon plus rare, il existe une apnée dite “centrale”, d’origine neurologique : le cerveau n’envoie pas correctement le signal de respirer.

L’hypopnée : un passage rétréci mais non fermé

L’hypopnée résulte aussi d’un rétrécissement des voies aériennes, mais l’air continue de passer, bien que partiellement. Le flux est donc réduit, entraînant une diminution de l’oxygénation du sang, plus modérée mais parfois tout aussi répétée qu’avec l’apnée complète.

La distinction technique entre hypopnée et apnée se fait donc par le degré de blocage du passage de l’air, mais pour le corps, l’impact peut devenir similaire à long terme, surtout si ces épisodes se répètent nuit après nuit.

Symptômes : ce qui doit vous alerter au quotidien

  • Ronclements forts et irréguliers : les apnées et hypopnées sont souvent accompagnées de ronflements, mais attention, il est possible d’avoir des hypopnées sans vrai ronflement.
  • Sensations d’étouffement ou pauses respiratoires rapportées par le conjoint.
  • Fatigue au réveil, maux de tête matinaux, troubles de la concentration.
  • Besoin fréquent d’uriner la nuit (nycturie).
  • Irritabilité et troubles de l’humeur.

Il est important de noter que l’hypopnée est parfois moins spectaculaire qu’une apnée franche, mais n’est pas moins dangereuse si elle est fréquente.

Quels sont les risques pour la santé de ces troubles nocturnes ?

Apnée et hypopnée agissent toutes deux comme un stress répété sur le cœur et le cerveau.

  • Augmentation du risque d’hypertension artérielle : 50% des patients hypertendus présentent un SAHOS au moins modéré (source : Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil, 2022).
  • Risque accru d’accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiovasculaires.
  • Développement du diabète de type 2 : une étude du Lancet (Punjabi et al., 2009) a montré que le SAHOS multiplie par 2 à 3 le risque.
  • Problèmes d’attention chez l’enfant ou l’adulte, difficultés scolaires, accidents de la route ou du travail (près de 15% des accidents routiers graves seraient liés à des troubles du sommeil selon l’INSV).

L’hypopnée, parce qu’elle entraîne des microréveils à répétition et une oxygénation altérée, participe pleinement à ces risques. Les études récentes montrent que l’accumulation des hypopnées, même “légères”, multiplie les risques sur la santé. Elles ne doivent pas être banalisées.

Comment diagnostiquer une apnée ou une hypopnée du sommeil ?

Le diagnostic se pose presque toujours à l’aide d’un enregistrement du sommeil :

  • Polysomnographie : examen de référence effectué en centre du sommeil, il mesure le flux d’air, la saturation en oxygène, l’activité cérébrale et musculaire, les mouvements thoraciques… C’est ainsi que chaque événement (apnée ou hypopnée) peut-être identifié précisément.
  • Polygraphie ventilatoire : moins complète mais possible à domicile, elle permet d’enregistrer les paramètres respiratoires.

La frontière entre apnée et hypopnée dépend de critères fixés par des sociétés savantes internationales (American Academy of Sleep Medicine, AASM).

Peut-on confondre hypopnée et apnée ?

Oui, surtout sans examen du sommeil, car les symptômes ressentis peuvent être similaires : somnolence, sensation de nuit non réparatrice, troubles cognitifs.

  • L’apnée est plus fréquemment associée à des pauses respiratoires “flagrantes”, parfois impressionnantes pour l’entourage.
  • Les hypopnées sont plus “discrètes” mais peuvent être plus nombreuses, au total plus délétères.

Lors de l’analyse des enregistrements, certaines “micro-apnées” à la limite du seuil de 10 secondes peuvent parfois hésiter entre l’un ou l’autre diagnostic : c’est pour cela qu’une analyse médicale, interprétée par un spécialiste, est indispensable.

Pourquoi agir, même si les symptômes semblent discrets ?

L’apnée et l’hypopnée du sommeil évoluent souvent “en silence”. Beaucoup d’adultes et d’enfants sous-estiment leur fatigue quotidienne, ou la mettent sur le compte du stress et de l’âge. Pourtant, agir précocement, c’est se donner la possibilité d’éviter des complications à long terme.

  • Demander un dépistage si vous avez un doute, une fatigue persistante, un ronflement fort ou des antécédents familiaux.
  • Utiliser des outils d’auto-évaluation (comme le score NOSAS pour estimer les risques, ou des questionnaires de somnolence).
  • Adapter son hygiène de vie : perdre du poids, limiter l’alcool en soirée, éviter les somnifères, réapprendre à bien respirer.

Gardez à l’esprit que la qualité de votre sommeil est un capital santé pour aujourd’hui et pour demain. Et il n’est jamais trop tard pour agir, même par petites étapes.

Pour aller plus loin et rester informé

Mieux comprendre les subtilités entre hypopnée et apnée du sommeil, c’est déjà un pas vers la prévention et une meilleure qualité de vie. Si vous souhaitez approfondir, de nombreuses ressources d’experts sont accessibles :

  • Société Suisse du Sommeil : documents patients et filières de soins.
  • INSV : campagnes d’information et outils d’auto-dépistage grand public (INSV).
  • Haute Autorité de Santé (France) : recommandations sur le diagnostic et la prise en charge.

En cas de doute, n’hésitez jamais à en parler à un professionnel de santé formé. Retrouver un sommeil réparateur n’est pas hors de portée : c’est un engagement pour votre santé, votre énergie et votre avenir.

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